• À la faveur de la légalisation de la contraception orale par la loi Neuwirth en 1967 et de la libération des meurs qui s'ensuit, c'est la circulaire Fontanet du 23 juillet 1973 qui, pour la première fois, prévoit une information sur la sexualité en milieu scolaire, mais qui n'est que facultative. Cette loi distingue l'information de caractère scientifique et hygiénique, de l'éducation, éveil à la responsabilité1. Avec le développement du SIDA, une circulaire du 15 avril 1996 entérine la nécessité de donner une information aux collégiens sur les risques de transmission de cette maladie : ces séances seront désormais obligatoires. Enfin, la circulaire du 19 novembre 1998 et la loi du 4 juillet 2001 vont aller plus loin en y intégrant la dimension affective et en les plaçant dans un cadre éducatif ayant des objectifs plus ambitieux.

    Extrait de la loi du 4 juillet 2001 : « Article 22 : Le chapitre II du titre Ier du livre III du code de l'éducation est complété par une section 9 ainsi rédigée : Section 9 - L'éducation à la santé et à la sexualité - Art. L. 312-16. - Une information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d'au moins trois séances annuelles et par groupes d'âge homogène. Ces séances pourront associer les personnels contribuant à la mission de santé scolaire et des personnels des établissements mentionnés au premier alinéa de l'article L. 2212-4 du code de la santé publique ainsi que d'autres intervenants extérieurs conformément à l'article 9 du décret no 85-924 du 30 août 1985 relatif aux établissements publics locaux d'enseignement. Des élèves formés par un organisme agréé par le ministère de la santé pourront également y être associés. »

    Formation

    La formation est dispensée par des organismes publics ou privés agréés par le ministre chargé des affaires sociales après avis de la commission d'agrément prévue à l'article 8. Les agréments sont délivrés pour une durée de trois ans. Parmi les organismes reconnus : Le Planning Familial, le CLER Amour et Famille, Sézame2,3, Couples et Familles, L'ISF à Lyon... C'est l'arrêté du 23 mars 19934 qui a fixé les modalités de la formation des éducateurs à la vie dont la durée est de 160 heures. Elle est ouverte aux professionnels et aux bénévoles de l'action sociale, éducative ou sanitaire. Le candidat doit franchir avec succès un entretien sur ses motivations, sa capacité d'adaptation et son aptitude au travail en équipe. Les objectifs de la formation :

    ·         donner les connaissances nécessaires en matière de vie affective, sexuelle et familiale

    ·         faire prendre conscience des résonances personnelles aux thèmes abordés

    ·         faire acquérir des capacités à s'exprimer, à écouter et animer un groupe

    ·         évaluer la capacité des personnes en formation à exercer l'activité d'accueil informatif

    Une évaluation des capacités acquises est effectuée à l'issue de la formation par l'organisme formateur et une attestation de formation à l'accueil informatif pour une éducation à la vie est délivrée par l'organisme.

    Pratique professionnelle

    En France, depuis la loi du 4 juillet 2001, les élèves doivent normalement suivre chaque année trois séances d’« éducation sexuelle » de la primaire jusqu’au lycée. Mais un rapport de l’IGAS rendu en janvier 20105 montre qu'il n'en est rien, faute de mise à disposition de moyens humains et financiers sérieux, entraînant une hausse constante des recours à l'avortement de très jeunes filles, et ce malgré les campagnes de contraception.

    Si la loi prévoit que ce soit de préférence des intervenants extérieurs, formés à l'éducation à la vie, qui assurent l'éducation affective, relationnelle et sexuelle dans les écoles, cela n'est pas toujours le cas car ces interventions ont un coût qu'il faut financer, ce qui est un premier frein, et il est parfois difficile de trouver des créneaux horaires et des salles disponibles.

    Quand ce n'est pas possible, il arrive que ce soit l'infirmière scolaire ou le professeur de SVT qui prennent le relais. Mais ce n'est pas souhaitable car ils représentent tous les deux l'institution scolaire et il peut être délicat pour les jeunes de poser leurs questions et parler en toute liberté devant eux. Par contre, il est particulièrement recommandé que l'intervenant extérieur travaille en partenariat avec l'équipe éducative et que les parents puissent être impliqués à travers des conférences proposées par l'école sur ce thème en amont des interventions ou une soirée bilan a posteriori.

    Il existe plusieurs organismes proposant les services d'éducateurs à la vie formés. Certains sont essentiellement implantés dans les établissements publics comme le Planning Familial ou le CRIPS tandis que d'autres interviennent majoritairement dans les établissements privés comme le CLER Amour et Famille. Mais cette distinction est secondaire car ces deux secteurs ne sont pas aussi cloisonnés qu'il n'y parait. La vraie différence se situe d'abord dans l'approche et la pédagogie : les premiers organismes donnent souvent la priorité à un discours hygiéniste en mettant avant tout l'accent sur la prévention des Infections Sexuellement Transmissibles et des grossesses précoces non désirées tandis que le CLER Amour et Famille inscrit ses interventions dans un projet éducatif plus global, proposant en plus aux jeunes une vraie réflexion pour les aider à construire leur vie affective, relationnelle et sexuelle. Ce type d'intervention nécessite un temps d'accueil et d'écoute de ce que les jeunes sont et ont à dire sur ce qu'ils vivent.

     

    Cette façon d'intervenir correspond aux directives données dans la circulaire du 17 février 2003 dont extrait : «  L'école a un rôle spécifique dans la construction individuelle et sociale des enfants et des adolescents. Il s'agit de leur donner les moyens de s'approprier progressivement les données essentielles de leur développement sexuel et affectif et leur permettre notamment de mieux analyser et appréhender les multiples messages médiatiques et sociaux qui les assaillent quotidiennement. Dans ce cadre, l'éducation à la sexualité vise principalement à apporter aux élèves, en partant de leurs représentations et de leurs acquis, les informations objectives et les connaissances scientifiques qui permettent de connaître et de comprendre les différentes dimensions de la sexualité


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